Dix années consacrées à la peinture, à
l'encre de Chine, puis un jour, j'ai éprouvé le
besoin de m'exprimer autrement, je voulais écrire, mais
comment ?
Avec des mots, bien sûr, mais je ne souhaitais pas que
ces mots soient lus, par quiconque, ni même par moi. Je
voulais des mots intimes, éphémères. La
gravure m'est alors apparue comme l'unique moyen, écrire
à l'endroit puis à l'envers, avec la précision
de la pointe sèche et la violence de l'acide ; morsure
des mots.
Ecrire et réécrire, effacer ma parole ...
Pleins et déliés, dénouer mes peurs. Palimpsestes
du noir. Et ces "écritures" sont devenues des
pages illisibles le plus souvent, presque abstraites, une sorte
de nouvelle écriture ou la première, peut- être.
Monde sans frontières où chacun peut imaginer
une page de ses propres mots, de sa propre existence, terrestre
ou d'ailleurs.
Grâce à ces "écritures", le chemin
m'était ouvert, et ma peinture est entrée dans
la gravure, sans couleurs, sur le métal froid, un miroir
d'ombres.
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