Dessiner et graver : je passe de l'un à l'autre constamment,
pour rester à l'affût des brocantes et talus de
notre temps, qui font parler objets ou végétaux
ordinaires. Choses généralement oubliées
du regard pressé, le dessin me permet de les voir enfin,
et la gravure, de les installer, lentement, dans un autre espace
qui n'appartient qu'à elle seule. Pourtant, la gravure
a tout pour me décourager : ce métal que je raye,
incise, gratte, mord, couvre et découvre, ne sera pas
vu. De plus, entre travail et résultat se déroule
un temps lent, très actif, pendant lequel j'avance à
tâtons, à l'envers, et que je paye à la
toute fin, quand sous la presse, l'encre s'installe dans la
feuille de papier d'un seul coup, sans repentir possible. Pourquoi
continuer? Demandez-le aux herbes têtues, ou aux objets
parlants.
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